Le lundi 3, vers 13 heures nous affalons le drapeau de complaisance italien et nous sommes un peu tristes, plus de drapeau étranger flottant dans nos haubans. Déjà au loin nous apercevons les hautes montagnes enneigées de Corse.
Il y a 14 ans nous avions déjà navigué en Corse et nous en avions gardé un très bon souvenir.
Vers 17 heures nous embouquons la passe étroite du port de Bastia, et c’est avec une nonchalance « corse » que nous sommes accueillis. « Allez au fond du port, il y a bien une place et vous ferez les formalités demain, on a le temps…. ».
Le temps nous l’avons eu, et en attendant Nathalie et Nicolas pour la fin de semaine, nous visitons Bastia, ville peu touristique et dont certains quartiers délabrés n’ont rien à envier à ceux des villes calabraises.
Nous promettons à Nathalie et Nicolas des mouillages extraordinaires vers le sud de la Corse, donc nous appareillons dès le samedi 8 pour une arrivée à Porto Vecchio le 9, nous y restons un jour pour cause de mauvais temps.
Le 11 mai nous reprenons la mer, une houle de sud-est et des grains nous rendent la navigation désagréable ; à midi nous mouillons à Rondinara, superbe anse où le bleu et le turquoise de l’eau, le vert des pins et les plages de sable nous enchantent.
Le soir nous mouillons à Sant’Amanza, une autre baie très profonde où nous sommes seuls. Le vent souffle à une vingtaine de nœuds toute la nuit, mais la mer est calme, le capitaine passe une mauvaise nuit, il a peur que le vent monte et que nous dérapions….
Le 12 mai, passage des Bouches de Bonifacio, nous voulions nous arrêter aux îles Lavezzi, mais la météo nous l’interdit encore une fois, et nous nous dirigeons vers le port de Bonifacio.
Magnifique ville à l’aplomb des falaises blanches, vue de mer le site est impressionnant car les falaises ont été creusées par la mer et une partie de la ville a les soubassements dans le vide !!!!
Vue de terre, nous découvrons des paysages de cartes postales……
Un coup de vent est annoncé pour la fin de la semaine, et Nathalie et Nicolas doivent prendre l’avion le lundi 17 ; alors nous décidons de reprendre la mer et de ne pas nous attarder à Bonifacio.
Navigations plutôt musclées qui nous amènent à Ajaccio en passant par Propriano qui est quelconque. La houle qui vient du Sud-Ouest nous empêche de faire des mouillages – dommage.
Effectivement, le coup de vent a lieu et même au vieux port d’Ajaccio nous sommes soumis à une houle très désagréable à à-coups qui fatiguent Fleur de Lune et l’équipage, heureusement nous avons des amortisseurs en caoutchouc (un finit par casser).
Après avoir visiter Ajaccio, ville très sympathique, le lendemain nous prenons le train pour Corte qui se situe au centre de l’île. Dépaysement assuré, après la mer, nous découvrons les montagnes dont les sommets sont encore enneigés, des paysages sauvages avec cascades, grandes forêts de pins, pics rocheux.
Corte est une ville très particulière où l’empreinte du nationalisme est forte ; ici nous ne parlons pas de Napoléon, mais de Paoli. C’est ici aussi que se situe l’Université où l’on enseigne entre autres le Corse….
Le 17 mai, changement d’équipage, Thérèse vient nous rejoindre pour une semaine.
Nous continuons donc notre périple vers le nord-ouest ; notre première étape est Cargèse, célèbre et pas uniquement pour ses deux églises qui se font face, une catholique et l’autre orthodoxe, mais aussi pour un certain berger ….
Le jeudi 20 mai, nous entrons dans la baie de Girolata avec 2 ris dans la grand voile et le foc, le ciel est bleu, la mer blanchie par le vent et les rochers rouges, décor à couper le souffle.
Nous nous abritons dans le port naturel de Girolata, nous sommes très bien accueillis par l’ensemble du personnel du port qui nous aide à nous amarrés à deux bouées, une à la proue et l’autre à la poupe.
Girolata est un petit village d’une vingtaine de maisons rouges parfaitement intégrées à la nature. Il est desservi uniquement par la mer et, la route la plus proche est à 2 heures de marche. Il en résulte un calme absolu, un paradis…
Le lendemain, calme plat sur l’eau et nous en profitons pour visiter la réserve de Scandola, et les falaises de Piana. Nous nous incrustons dans chaque petite crique, nous naviguons au plus près des falaises rouge sang et toute la journée nous sommes éblouis par tant de beauté.
Le soir retour au paradis, Girolata.
Le 22 mai, nous prenons la direction de Calvi, peu à peu le rouge des roches s’estompe, mais le paysage demeure somptueux. Après le passage du phare de la Revellata nous découvrons la magnifique baie de Calvi que surplombe le Mont Cinto (2710m), toujours autant d’émotion devant ce spectacle.
Nous laissons Fleur de Lune amarré, bien à l’abri au port de Calvi et nous partons en randonnée pédestre avec frère, belle-sœur et amis qui séjournent pendant 15 jours en Corse. Nous pensions faire une partie du célèbre GR20, mais les refuges n’ouvrent qu’à compter du 1er juin. Nous nous rabattons sur le chemin « Mare et Monti » qui nous amène de Calenzana à Girolata. Nous redécouvrons les joies de la marche et les soirées en refuge où nous faisons toujours des rencontres très intéressantes.
Le 30 mai, Miline notre autre belle-sœur vient nous rejoindre pour traverser vers le continent.
Pendant plus d’une semaine, des coups de vent force 7 à 8 sont annoncés quotidiennement sur le Cap Corse, la cote d’azur et le Roussillon, il faut attendre….. et, en attendant quoi de mieux que de faire découvrir à Miline Girolata – nous ne nous en lassons pas ……..
La Corse nous a enchanté et parfois nous nous disons que ce sont les plus beaux paysages que nous ayons vu tout au long de notre périple…..oui, mais souvenons nous des Baléares…, de la Sicile avec l’Etna, de Santorin, des météores, de Grenade etc…., finalement tout est beau.
Le 3 juin nous traversons, nous sommes un peu inquiets car Miline n’a jamais navigué, mais pas de mal de mer et aucune appréhension apparente, tout se passe bien, les dauphins font le spectacle autour du bateau. Nous partons avec un bon vent portant, nous filons à 8 nœuds pendant une partie de la journée, puis le vent tombe et c’est au moteur que nous approchons d’Antibes au petit matin.
Juin 2010- Retour en métropole
Le voyage prend fin, divers coups de fil au transporteur, au chantier chargé du démâtage nous ramènent sur terre ; mais nous avons encore une vingtaine de jours pour apprécier les paysages métropolitains.
Le 5 et 6 juin visite des îles de Lérins, avec un beau mouillage, puis nous ne pouvions pas passer devant St Tropez sans nous arrêter, visite des vieilles ruelles tropéziennes que les touristes n’ont pas encore envahies.
Le 8 juin nous arrivons aux îles d’Hyères où nous resterons quelques jours, mouillage idyllique dans la baie des langoustiers à Porquerolles, petites navigations sympathiques entre les îles, promenade à terre.
Le 12 juin, navigation au près force 4 à 5 qui nous amène à Cassis, pas de place dans le port, nous nous rendons dans la calanque de Port Miou, très bon abri entre de superbes falaises blanches.
Après une visite à pied de Cassis, nous reprenons la mer et découvrons toutes les calanques une à une avant de rentrer au port de Pointe rouge à Marseille.
La aussi nous aurions aimé faire des mouillages, mais encore un coup de vent sur le Roussillon annoncé pour le 18 juin et nous avons peur de ne pas être à l’heure pour le démâtage qui a lieu le 21.
Une navigation sans grand intérêt nous amène à Frontignan où nous attend Yves. C’est avec une certaine émotion que nous vivons ces derniers jours de notre année sabbatique, heureusement, Yves et Brigitte nous accueillent chez eux et ainsi « la pilule est plus douce à avaler ».
Le 23 juin Fleur de Lune est chargé sur un camion et le 25 juin nous sommes à Arzal.
Pendant ce périple, nous avons parcouru 6000 miles, visité une partie du pourtour méditerranéen, découvert une mer sur laquelle il n’est pas facile de naviguer, mais nous avons surtout fait naître en nous une soif encore plus grande de voyage et à peine le pied posé à Pontchâteau un nouveau projet avec un bateau plus grand, un voyage plus lointain…… mais il faut travailler avant.