dimanche 6 septembre 2009

AOUT SUR FLEUR DE LUNE OU LE BLOG D'HELENE

Pour la période du 5 août au 25 août je laisse la parole à Hélène qui fut notre invitée et qui relate à merveille
BLOG D’HELENE
Me voici dans la salle d’embarquement de l’aéroport de Reggio Calabria tout au sud de l’Italie. Jean-Pierre et Eliane viennent de me déposer. 2h30 d’avance, juste assez pour commencer à écrire mes impressions sur mon voyage en Sicile sur Fleur de Lune.
En attendant, la salle d’embarquement m’offre un véritable spectacle avec une foule d’italiens bruyants, des petits hauts à bretelles et de beaux bruns en train de crier au téléphone… Je suis probablement la seule touriste. L’avion est stationné juste à 20 mètres, après une allée de lauriers en fleurs. Au-delà, la mer… L’avion pour Vérone vient juste de décoller sur un bout minuscule de piste qui semble plonger dedans. Tout à l’heure, je vais probablement regretter ma place contre le hublot.
20 jours de vacances ont suffit à neutraliser mon cerveau si bien que mes souvenirs se mélangent. Mes propos seront donc très probablement déformés, transformés, amplifiés…. Je charge Eliane de la relecture et de l’ajout éventuel de quelques photographies choisies. De plus, ne souhaitant pas faire doublon avec son blog, j’ai choisi une autre formule…
600 miles de navigation entre la Sicile, Malte et la Calabre
Avant de commencer, quelques explications sur notre itinéraire s’imposaient de manière à pouvoir me suivre. J’ai rejoint Jean-Pierre et Eliane en Sicile à Palerme, située un peu près au milieu de la côte nord de l’île. Ensemble, nous avons fait un demi-tour de la Sicile, selon le sens des aiguilles d’une montre, en longeant la côte nord puis la côte est. Nous sommes donc passés par Cefalu (7 août), les îles éoliennes (9 et 10 août), le détroit de Messine entre la Sicile et la Calabre italienne (11 août), puis Naxos et Riposto situées sous l’Etna (12 et 13 août) et Syracuse (14 et 15 août). De Syracuse, nous avons fait un aller et retour à Malte (18-19 août) avant de remonter toujours sur la côte est sicilienne puis italienne jusqu’à Crotone (23 août). Le dernier trajet entre Crotone et Reggio Calabria a été fait en voiture et je suis repartie de Reggio. Côté distance, je n’ai pas les chiffres exacts, cela fait environ 600 miles.

L’été sur la côte sicilienne
Aller en Sicile pendant l’été signifie qu’on s’attend à avoir chaud. Effectivement !
Indice UV dramatique pour ma pauvre peau qui a résisté à grands renforts de pilules au carotène et d’accoutrements des plus fantaisistes. Chapeau et lunettes de soleil – normal – chaussettes, caleçon, grande chemise et paréo sur les épaules et les mains. Et une seule couche de vêtement ne suffit pas pour résister aux rayons ardents du soleil… Je rassure, Jean-Pierre et Eliane bronzés se sont tout à fait adaptés, adoptant la tenue de base des siciliens (le short ou le maillot de bain). A terre, une stratégie a été adoptée par tous : slalomer entre les trottoirs situés à l’ombre. En mer, il s’agit de rechercher le carré d’ombre créé par la bôme ou, oh bonheur !, par les voiles si elles sont hissées. Un temps si chaud qu’on finit par aimer l’eau et en boire des litres… Un temps si chaud qu’on a envie d’une bonne douche (la douche solaire du bord pouvait être bien agréable), qu’on rêve de plonger une tête dans la mer...
Le duvet qui occupait 1/3 de mon sac est y resté. Quant au ciré (2ème tiers de mon sac), il n’a pas été très usé. Il est sorti au complet devant Syracuse à l’occasion de splendides nuages orageux et quelques gouttes de pluie. La veste de quart seule a été sortie brièvement lors d’une navigation de nuit entre Riposto et Crotone à cause d’un bord de près un peu arrosé sous 22-24 nœuds de vent mais elle a surtout servie au sommet de l’Etna, sa couleur jaune poussin faisant ressortir au mieux le gris charbonneux du paysage. Seule véritable pluie en 20 jours, ce fut en fin d’après midi du jeudi 13 août à Riposto. Une pluie chaude, torrentielle qui a fait déborder les égouts de la ville et transformer la marina en poubelle flottante. Elle m’a fait attendre dans les sanitaires de la marina pendant que Jean-Pierre et Eliane commençaient à s’inquiéter et renoncer au superbe brushing réalisé avec le sèche-cheveux mis à disposition.
Le corollaire inévitable de ces températures élevées est la température très agréable de l’eau de la mer testée lors des rares baignades et par les embruns reçus sur la figure lors des bords de près. Il y a aussi les températures plus qu’agréables pendant la nuit. Les navigations de nuit en T-shirt sont à ravir.
Les rencontres
Bien que le bateau soit un milieu clos, on y fait de nombreuses rencontres aussi bien à terre qu’en mer.
Lors de ce séjour, nous avons côtoyé des siciliens et des italiens. A terre, ils sont très gentils malgré notre totale absence de maîtrise de l’italien. Mon périple dans les rues de Palerme à la recherche de la marina où était Fleur de lune m’a démontré que les siciliens sont très serviables vis-à-vis des étrangers. Et ceux qui parlent français sont visiblement si contents de le montrer.
En voilier, les rencontres sont avant tout effectuées dans les ports, regroupements transitoires de bateaux. Les informations concernant les itinéraires, les ports et mouillages intéressants, la météo et son évolution sont autant de sujets de conversations sur les pontons. Il y a aussi la confrontation des instructions nautiques, des performances de l’informatique du bord, de la consommation électrique et de la hauteur de l’eau… Ainsi, dès mon arrivée à Palerme, j’ai fait la connaissance des charmants propriétaires de Mr Balthazar lors d’un apéritif très apprécié (le coteau-du-layon est connu pour rétablir les personnes totalement déshydratées). Ils suivent la même route que Jean-Pierre et Eliane depuis quelques semaines jusqu’en Grèce. Nous avons fait un bout de chemin ensemble, visité Syracuse et l’Etna.
Sur la mer, il y a aussi des rencontres. Les plus agréables sont les régates informelles entre voiliers. Un bord de près plus ou moins pointu, des voiles plus ou moins réglées… Tout ceci peut dynamiser un après-midi somnolent et redynamiser un chef de bord… Moins agréables sont les multiples rencontres avec les bateaux moteurs. Peu respectueux des voiliers, ils n’hésitent pas à raser Fleur de lune à toute allure, créant au passage une mer démontée. Les îles éoliennes et Lipari
où nous avions pensé nous arrêter a été une expérience étonnante. Celle de Malte (voir chapitre sur le lagon bleu), une autre. Les navigateurs du sud aiment la vitesse et les bateaux moteurs qui font du bruit. Ce dernier est en général amplifié par une musique assourdissante…
Parmi des rencontres plus inhabituelles et amusantes, on peut citer quelques dauphins au large de la côte est de l’Italie. Ils ont joué pendant 5 min à l’avant du bateau puis sont repartis.


Il y a aussi une jeune tourterelle à bout de forces venue se poser sur le bras de Jean-Pierre. Elle est restée un après-midi sur le bateau (pas dans les bras de Jean-Pierre), a bu un peu d’eau, refusé les morceaux de gâteau, tomates, les pâtes… que nous lui offrions. Elle a laissé quelques souvenirs bruns sur le pont avant de disparaître pendant la nuit au large de Crotone. Aïe ! Nous avons contribué à l’émigration d’une tourterelle entre la Sicile et la Calabre. Il y a eu aussi les chats inapprochables du quai de La Valette à Malte, en train de se prélasser sur les pierres chaudes à 4 heures du matin, heure de notre arrivée. Les autres rencontres plus furtives furent des poissons volants (très nombreux), de gros poissons suicidaires qui sautaient dans la baie de Syracuse et une tortue qui a plongé lors de notre arrivée. Je n‘évoque pas les oiseaux (goélands et puffins), ni les méduses, ni les moustiques particulièrement abondants. Ces derniers sortent la nuit et ne laissent aucun répit aux dormeurs. Heureusement, Jean-Pierre et Eliane sont équipés : diffuseur répulsif et moustiquaires sont efficaces.


Le lagon bleu à Malte
Dans le chapitre rencontres, j’aurais pu évoquer le fameux lagon bleu, mouillage paradisiaque situé sur la petite île de Comino. Ce fut un épisode marquant de notre croisière, révélateur de la destruction des sites splendides de la Méditerranée, du tourisme de masse excessif et de la bêtise humaine. Nous l’avions déjà découvert aux îles éoliennes mais, à Malte, ce fut le pompon.
Imaginez un mouillage idyllique de carte postale, avec une eau turquoise (cristalline selon le guide), des fonds de sable fin et une côte rocheuse plutôt désertique. Un paradis sur la petite île située entre Malte, l’île principale, et Gozo. Ajoutez s’y en plus de notre voilier au mouillage une multitude de bateaux à moteur de toutes les tailles (de la taille d’une annexe à celle d’un yacht à ½, 1 ou 2 « boules » ou radômes, dont le nombre est un bon indicateur de la taille du bateau et de la prétention du propriétaire), des bateaux en mouvement effectuant des allers et retours à toute vitesse avec grand renfort de virages, vrombissements de moteur et cris. Le paradis se transforme alors en un véritable shaker. Les instructions nautiques évoquent le terme de barattage, c’est pire.
La sieste étant totalement impossible, nous avons choisi de nous baigner. Une idée intéressante jusqu’à ce qu’un hurlement d’enfant n’indique la présence de méduses. 8 cm de diamètre, une méduse tous les 2 m3 avec un velum contractile et de superbes filaments urticants. Que du bonheur ! Fleur de lune est encerclé si bien qu’Eliane ne fait qu’une rapide trempette, alors que Jean-Pierre finit par se baigner un peu plus longtemps. Quant à moi, je n’aime pas les hurlements, ni les méduses…
Parmi les baratteurs, figurent de superbes voiliers et catamarans de 15-30 m de long, dont le pont est couvert de grappes de touristes ultra-bronzés, en maillot de bain sous le soleil brûlant, énervés ou éméchés (?). Certains descendent pour errer à terre (il n’y a rien que des cailloux, pas un arbre ni d’ombre), d’autres restent sur le pont en plein soleil, et d’autres sautent à l’eau… Mais où sont les méduses ?
Le soir venu, l’eau est revenue calme. Dîner, vaisselle, on s’apprêtait à se coucher. C’était sans compter la dernière ligne des instructions nautiques que Jean-Pierre avait omis de lire. Arrivée de 2 énormes voiliers bondés de touristes saouls, vomissant une musique remixée « tchin boun boun – tchi boun boun »… Le dernier a même fini par s’installer sur notre ancre à moins de 20 mètres sous nos yeux incrédules. Les boules Quies ne pouvant rien y faire, nous décidons de fuir avec une navigation de nuit improvisée. Ancre relevée (ultra-efficacement par Jean-Pierre) sous les flashs des touristes. Nous quittons Malte chassés par les touristes… J’espère au moins que les méduses nous ont vengés.
Morale de l’histoire à méditer par tous les navigateurs : les conseils des instructions nautiques, toujours tu écouteras et suivras…
Les volcans
Le chapitre rencontres étant fini, je continuerais par celui de la géologie. Pour moi, la Sicile est associée au volcanisme avec ses 3 volcans en activité (Etna, Stromboli et Vulcano). Après mes divers voyages en Islande, Etats Unis et Indonésie, les îles éoliennes et l’Etna faisaient justement partie de mes projets de vacances. Merci à Jean-Pierre et Eliane d’avoir changé leurs plans…
La montée au sommet du Vulcano est probablement mon meilleur souvenir. Avec le Stromboli, il est localisé dans l’archipel des îles éoliennes au nord-est de la Sicile. Nous sommes passés une première fois devant l’île de Vulcano en nous dirigeant vers l’île de Lipari. Le volcan qui occupe le sommet de l’île montrait des fumerolles. Ne pouvant nous arrêter à Lipari (port lilliputien au prix exorbitant, bondé et ultra-agité), nous sommes retournés sur le continent et avons pris une navette. Le lendemain, départ de Milazzo avec une horde de touristes.
Le volcan domine l’île de Vulcano avec ses 391 m. La dernière éruption date de 1890 mais depuis, le volcan conserve une petite activité. La montée en plein soleil fut assez rapide malgré les nombreux arrêts photos. Un premier niveau de scories grises avec une végétation de genêts puis un autre niveau de cendres fines beige clair. Il n’y a plus aucune végétation et les cendres s’accrochent à nos pas.





Le volcanisme est ici explosif associé à l’émission de laves acides (volcanisme calco-alcalin associé à une subduction pour dire quelques mots barbares). Au sommet, la vue sur les autres îles éoliennes est magnifique avec le bleu de la mer mais le plus beau est la découverte du cratère dont un secteur dégage une odeur peu agréable. Sur le conseil de touristes français, nous faisons le tour du cratère de manière à arriver à l’endroit des fumerolles. Le sol est chaud voire brûlant et est couvert par endroit de petits cristaux de soufre formant un tapis jaune citron. Eliane et Jean-Pierre sont scotchés, ignorant les vapeurs de soufre désagréables qui dégagent les voies respiratoires et font pleurer. Le dernier bateau étant trop tôt, nous n’avons pas pu faire les bains de boue tant réputés de Vulcano mais nous ramenons dans nos sacs le plus précieux des souvenirs : pour Jean-Pierre et Eliane, un échantillon de fins cristaux de soufre et moi, un morceau de lave.
La plupart des touristes passant dans les îles éoliennes font l’ascension du Stromboli, le second volcan actif de l’archipel. L’observer la nuit permet de voir normalement à intervalles réguliers des gerbes rouges. Avec la foule, les mouillages peu abrités et bondés, nous avons choisi de ne pas y aller. Le voilier ami M. Balthazar n’a pas observé grand-chose en passant au large. Jean-Pierre et Eliane le verront peut-être mieux quand ils repasseront cet hiver.
Le second volcan découvert lors de notre voyage fut l’Etna, situé sur la côte est de la Sicile. Rien à voir avec les deux précédents volcans, il s’agit d’un volcanisme de point chaud, en cours d’évolution d’un volcanisme effusif à un volcanisme explosif. Un volcan très actif, en 2001, 2002, 2004, 2006… Nous le surveillons de près… Visible de loin par les nuages chapotant son sommet, il va nous accompagner pendant de nombreux miles entre Naxos et Riposto. La côte à son niveau change d’aspect en devenant plus verte et plus cultivée. Les flans de l’Etna sont en effet propices à la culture de la vigne et des cultures fruitières. Nous avons eu visiblement de la chance de voir son sommet découvert en arrivant à Riposto, une marina située sur sa façade à son pied. Jean-Pierre souhaitait monter à son sommet (3340 m). Finalement, nous avons choisi une voie moins sportive, bien organisée pour les touristes. Après une montée en téléphérique à partir du Rifugio Sapienza (1910 m), nous sommes pris en charge par des petits bus qui gravissent les pentes du volcan jusqu’à 2900 m. Les quelques touristes qui ont choisi de faire ce dernier trajet à pied peinent dans les scories et mangent de la poussière, tout ceci en plein soleil. Lors de la montée, on observe quelques restes de neige recouverts de scories et cendres grises. A 2900 m, nous sommes au niveau de la coulée de 2002, nous explique un guide. Elle a enseveli l’ancien refuge dont il ne reste que la partie supérieure. Si on gratte un peu la surface des scories gris anthracite, la surface de la terre est chaude. Malgré le vent et la température fraîche, les pieds suent dans les grosses chaussures. Le sommet de l’Etna apparaît au-dessus éventré d’une crevasse qui se prolonge par une succession de petits cratères. Au niveau d’un petit cratère, on retrouve des fumerolles et quelques concrétions de soufre, beaucoup moins spectaculaires que sur le Vulcano. Par contre, les structures volcaniques sont beaucoup plus majestueuses. Nous repartirons à nouveau avec des échantillons de basalte.



Les villes palais : Syracuse, Palerme et La Valette
La Sicile est avant tout connue pour son histoire. N’étant pas très au point, je n’ai retenu qu’une chose : se sont succédés dans le temps les grecs parfois menacés par Carthage, les romains avec les guerres puniques contre Carthage et Syracuse, les arabes et les normands, et l’Italie. Dans les villes visitées (Cefalu, Palerme, Syracuse), nous avons retrouvé les traces de cette diversité.
Syracuse est la ville que j’ai préférée avec son centre historique rempli de palais (Ortygie). Mais dans la chronologie, nous avons visité en premier Palerme où j’ai rejoint Jean-Pierre et Eliane. Personnellement, je conserve de Palerme un souvenir mitigé. Tout d’abord, mon périple pour rejoindre la marina a relevé de l’exploit sportif. La faute à mon plan qui indiquait que la marina était située à 300 m du port de commerce. Finalement, elle était située beaucoup plus loin et avec un sac de 19,6 kg sans roulettes… Palerme est telle que je l’avais visitée il y a 15 ans. Beaucoup de palais en ruine, des balcons enveloppés par des filets pour ne pas assommer les passants mais aussi des merveilles comme le quartier de la cathédrale et celui des Quattro canti. Des quartiers pauvres aux poubelles débordantes, comme ceux des faubourgs.

Syracuse comme La Valette à Malte sont des ports dans l’âme avec une situation géographique extraordinaire. Leur baie en a fait au cours de l’histoire des refuges pour les bateaux de commerce et leur point commun est la présence de fortifications particulièrement développées. La baie de Syracuse nous a d’ailleurs offert un des mouillages les plus reposants lors de notre remontée vers la Calabre. Le site le plus remarquable d’Ortygie ou vieux Syracuse est probablement la place du duomo (Piazza del Duomo) avec sur une même place, la cathédrale ou duomo, le palais de l’Archevêché, celui de Beneventano del Bosco et celui de Del Senato, ainsi que la chiesa di Santa Lucia alla Badia et un beau bâtiment au style vénitien. La cathédrale recycle parfaitement les colonnes de l’ancien temple grec d’Athéna datant du 5ème siècle (avant J-C bien sûr). On raconte que ce temple était surmonté d’une sphère en or et servait d’amer aux bateaux. Comme beaucoup d’église du pays, on retrouve la même transformation : un temple grec puis romain recyclé en église chrétienne normande puis baroque… L’intérieur très sobre contraste avec l’extérieur de l’édifice.
Sur les conseils de mon guide, nous nous sommes promenés dans les vieilles rues d’Ortygie. La via della Maestranza et la via Vittorio Veneto sont une succession de palais aux noms évocateurs, certains restaurés, d’autres totalement abandonnés : palazzo Bufardeci, palazzo Interlandi, palazzo Bonnano… La place d’Archimède, célèbre syracusien, avec sa fontaine du 19ème siècle et des palais... Longer les remparts nous permet de découvrir la mer vue de la côte et la Fonte Aretusa, une fontaine alimentée par une source et chantée par les poètes Pindare et Virgile, .
L’après midi, nous sommes allés dans la ville plus récente jusqu’au parc archéologique della Neapolis. S’y trouvent un amphithéâtre et un théâtre grecs datant du 5ème siècle avant J-C. Le théâtre sert encore actuellement pour des spectacles, l’acoustique y est exceptionnelle comme le démontre une touriste en train de chanter. Il pouvait contenir 15000 spectateurs ce qui en fait un des plus grands de la période. Platon, Eschyle, Pindare et Archimède s’y seraient assis. Nous avons fait de même. Les carrières (latomies) situées juste à côté ont servi pour la construction puis de geôles.
En repartant vers le bateau, nous faisons un petit détour pour visiter les catacombes, où il fait frais. Lieu de sépulture mais aussi de culte avec de nombreuses chapelles souterraines ornées de peintures. Le nombre de niches funéraires est impressionnant. Nous n’avons rencontré aucun fantôme et sommes repartis le lendemain pour Malte.
Autre ville qui m’a marqué, La Valette est le port principal de Malte, un immense port fortifié que nous découvrons de nuit. Le lendemain, nous asseyons d’aller au centre à pied, ce qui nous permet de découvrir la ville avec un centre ville historique et des quartiers plus pauvres situés autour. Nous y retournons le lendemain en bus orange. 47 centimes d’euros, le ticket ! Après la porte d’entrée fortifiée, la vieille ville apparait comme une succession grandiose de palais magnifiques et d’églises. Le nombre de ces dernières est impressionnant. Après avoir acheté un guide, nous choisissons d’aller visiter la co-cathédrale Saint Jean. C’était l’église conventuelle de l’Ordre des chevaliers de Saint Jean issue des dons des grands Maîtres et chevaliers de Malte. Un extérieur relativement sobre mais un intérieur extraordinaire révélant une période très prospère et une dévotion démesurée. Les chevaliers appartenaient en effet à de riches familles d’aristocrates européens et avaient pour mission de protéger la religion catholique contre les turcs ottomans. Tout le sol de la cathédrale est recouvert par les tombeaux des chevaliers les plus illustres, ornés de plaquages de marbres de toutes les couleurs et racontant leurs exploits. Les murs sont couverts de pierre sculptée et dorée à l’or. Les chapelles entourant la nerf sont dédiées à chacune des 7 nationalités des chevaliers : la chapelle de la langue d’Allemagne, celle de la langue d’Italie, de la langue de France, de la langue de Provence, de la langue anglo-bavaroise, de la langue d’Auvergne (ce qui a beaucoup plu à Jean-Pierre et Eliane) et de la langue d’Aragon. Toutes présentent des motifs différents… Impressionnant. Nous ne ratons aucune information de notre audio-guide. Le musée montre deux peintures de Caravage qui était venu à Malte en 1608. Les traits sont d’un réalisme saisissant et la technique de clair-obscur nouvelle.



La suite de la visite nous conduit dans les rues à la recherche des fameuses auberges, véritables palais dédiés à chaque nationalité et qui devaient accueillir les chevaliers. Les remparts enfin avec vue sur la mer. Ces remparts ont été surtout construits sous les ordres d’un français, le grand-maître Jean Parisot de La Valette mais modifiés au moment de la dernière guerre mondiale. Des monuments divers nous rappellent que La Valette a été le site d’un blocus militaire et de nombreux morts.
Malte nous est apparue comme une île chaude, très aride. La Lybie n’est pas très loin (n’est-ce pas Jean-Pierre et Eliane). Leur langue est gutturale, proche de l’arabe. Cependant, l’imprégnation anglaise est évidente. Ils aiment les voiliers. Alors qu’en Sicile, le nombre de bateaux à moteur est nettement supérieur, le port de La Valette où nous sommes est plutôt rempli de voiliers. Les maltais parlent très bien anglais (ancienne colonie) ce qui est pratique pour nous. Leur supermarché est organisé comme dans les pays anglophones. J’ai pu retrouver l’organisation des rayons et les produits que j’avais découverts au Canada. Les fruits sont chers et pas très bons. Nous faisons néanmoins le plein et partant pour le mouillage idyllique de Blue lagon sur la petite île de Comino. La suite a été racontée ci-dessus.


La nourriture
Ceux qui me connaissent savent qu’il s’agit d’un élément important de la navigation. Je garderai de ce séjour le souvenir des fruits. Pas chers, mûrs à souhait et sucrés. Nous nous sommes régalés de pêches, nectarines, raisin blanc et noir, de petites poires qui se conservent remarquablement bien, de melon jaune… seules les tomates olive nous semblaient manquer de goût. A Riposto par exemple, ces fruits sont vendus par des producteurs qui s’installent avec leur camionnette dans la rue. 1,5 euros le kilo…
Côté produit de la pêche, pas grand-chose. Les sardines et anchois vendues sur les marchés ne nous ont pas motivés. Nous avons acheté à Palerme quelques gambas fraîchement pêchées mais à un prix important. Les fruits de la mer ont donc été consommés au restaurant dans une pizza (très bonne par ailleurs) ou dans des pâtes. Ah, j’oubliai le fromage. Eliane et Jean-Pierre savent le choisir : gorgonzola, fromage de chèvre…
J’oublie évidemment énormément de choses : les quarts sous le ciel étoilé, Fleur de lune si agréable à barrer, notre visite de Cefalu…