jeudi 6 août 2009

SARDAIGNE-SICILE



DU 21 JUILLET AU 26 JUILLET 2009 - SARDAIGNE


Nous voici donc en Italie, nous appréhendons un peu les ports, car bon nombre de voiliers que nous avons croisés et qui connaissent l’Italie, nous disent que les tarifs des ports sont à la tête du client, parfois il faut payer le marinero, le capitaine du port, et même le propriétaire de l’emplacement au quai si celui-ci se manifeste par hasard (nous ne croyons pas au hasard dans ces cas précis), cette description peu engageante est faite surtout pour la CALABRE (pied de la botte).

Pour l’instant à CARLOFORTE tout se passe bien. Mardi nous décidons de continuer notre voyage vers l’Est et nous quittons M. BALTAZAR qui reste quelques jours de plus.
Nous hissons les voiles dans la baie, et déjà nous sommes sous solent et un ris dans la voile car nous avons 18 nœuds de vent de face, quand, soudain, notre solent redescend tout seul sur le pont. Demi-tour et nous voilà de nouveau amarrés à CARLOFORTE avec les copains, j’avais mal fixé le mousqueton qui, bien sûr, s’est ouvert tout seul. Jean Pierre est obligé de monter au mât pour récupérer la drisse, il en profite pour faire le ménage et une révision des haubans et le soir apéro pour les copains du ponton pour me faire pardonner.

Finalement, nous restons jusqu’au jeudi 23 car pendant 2 jours nous avons du vent assez soutenu, et nous visitons le petit village de CARLOFORTE que nous trouvons assez agréable.
Nous retrouvons les ruelles étroites typiques de la Méditerranée et qui amènent de la fraîcheur et le linge suspendu à toutes les fenêtres. Nous notons que cette île a une vie très active, les ferries font des allers-retours incessants avec la SARDAIGNE pour un tourisme familial.

Petite anecdote : Jean Pierre veut acheter un joint torique pour le bouchon du réservoir de fuel, il découvre un chantier naval dont les bâtiments sont tout neufs et qui est un infâme gourbi ; un ouvrier très dévoué lui donne en guise de joint un câble électrique dont la section correspond à peu près à celle du joint. Cela n’est pas le fruit d’une mauvaise compréhension de la langue italienne, mais plutôt d’une conception très particulière et italienne de l’industrie nautique et du système « D ».











Comme nous sommes restés bloqués quelques jours, nous décidons d’aller directement à CAGLIARI, grande ville du Sud Sardaigne. Nous partons une fois de plus au moteur, et vers midi le vent se lève d’abord modéré, puis de plus en plus fort. Dans la grande baie de CAGLIARI nous naviguons sous solent et 2 ris dans la grand-voile au vent portant, et nous avançons à 7 nœuds avec 25 nœuds de vent réel. D’un seul coup, plus de vent, nous renvoyons toute la toile, puis nous passons au moteur et 10 minutes après nous avons du vent de face 10-12 nœuds, donc nous finissons au près. Vraiment imprévisible et déconcertante cette mer.

Un coup de mistral nous oblige à rester 2 jours à CAGLIARI, nous apprenons par les nouvelles venues de France que la SARDAIGNE est sous les feux de forêts, et en regardant la presse locale nous découvrons quelques spectacles de désolation, nous voyons quelques fumées de loin, mais nous ne pouvons pas juger de l’ampleur de la situation.

CAGLIARI est une grande ville, avec port de commerce, port pétrolier et plusieurs ports de plaisance, celui que nous avons choisi au hasard, n’est pas des plus selects, quelques tentes servent de capitainerie, de douches et de WC, tout cela sur ponton flottant. Lorsque nous nous rendons au bureau de la capitainerie pour faire les papiers, nous tombons sur des piliers de bar qui nous disent que demain il fera jour et nous proposent plutôt de boire une bière. Ici la capitainerie est avant tout un bar avec niche à chien, chiens à puces et poubelles dans les caddies sous la fenêtre du bar ; une table isolée sert de bureau …. Quant aux douches, nous préférons largement prendre la nôtre sur notre bateau.

Nous partons à la découverte de la ville, que personnellement je ne trouve pas très jolie, les rues sont sales, tout est couvert de tags. Seule la cathédrale me laisse une bonne impression, l’intérieur est richement orné et nous pouvons admirer des marbres qui sont de toute beauté et dont les couleurs sont très variées. Des hauteurs de la ville, nous pouvons découvrir que cette ville a été construite sur un site exceptionnel, une grande baie, des lagunes et des collines et en arrière plan des montagnes très arides.


DU 27 JUILLET AU 28 JUILLET 2009 – SARDAIGNE-SICILE


Debout à 4 heures ½ du matin, départ 6 heures, nous faisons la traversée avec M.BALTAZAR, pour nous cela fera 20 heures de moteur et 16 heures de voile au près avec très peu de vent, et nous arrivons le soir à l’Ile Maréttimo la plus à l’ouest des Iles EGADI qui elles-mêmes sont à l’Ouest de la Sicile.

L’île est très montagneuse et culmine à 686 mètres et un seul village est blotti sur la face Est, c’est le port de MARETTIMO.

Un marinero nous propose une place sur bouée dans le petit port de MARETTIMO que nous acceptons, nous pourrons faire le plein d’eau mais adieu les douches dont nous avons rêvées.

Nous allons en annexe au village et à peine mis le pied à terre, nous nous sentons dévisagés par les villageois, tous assis sur des chaises devant leur pas de porte ou jouant aux cartes devant les bistrots. « Qui est là ? Qui c’est celui-la ? ».
Le village est de type arabe avec ruelles étroites, petits commerces et rues pavées. Une impression de paix règne car il n’y a que 2 ou 3 véhicules motorisés sur l’île et nous nous attendons à passer une nuit calme. Encore perdu, le mouillage s’avère rouleur et toute la nuit Fleur de Lune flirte avec ses voisins.







DU 29 JUILLET AU 30 JUILLET 2009 – TRAPANI (SICILE)

Dès le lendemain, nous rejoignons M. BALTAZAR qui lui avait fait route directe au moteur sur TRAPANI. Surprise, le port où il est amarré n’a pas assez d’eau pour nous, après moult discussion avec le gérant du port qui nous certifie qu’il y a 3 mètres d’eau alors que nous sondons 2.40 et que M.BALTAZAR sonde 2.15, nous décidons avec sagesse d’aller sur bouée disponible et gratuite. Adieu la douche une nouvelle fois, heureusement que nous avons notre douche solaire !!!!

Nous restons 2 jours à TRAPANI, belle ville avec beaucoup de façades d’immeubles du 16ème siècle, de beaux monuments et visite du village médiévale ERICE sur le haut de la montagne qui domine la ville et nous découvrons aussi une campagne environnante moins aride qu’en Sardaigne avec cultures, vigne, et arbres fruitiers. Visite que nous ferons au pas de course, car nous pensions voir un petit village or il s’avère que c’est assez important, de nombreuses rues étroites, plusieurs églises et commerces de tourisme, tout cela parfaitement conservé et entretenu. Dommage que nous ne puissions pas plus visiter, mais le dernier bus est à 20 heures.

DU 31 JUILLET AU 3 AOUT – FLAVIGNANA-SAN VITO LO CAPO- CASTELLAMARE DEL GOLFO

Hèlène doit nous rejoindre le 5 août à Palerme, aussi nous profitons de ces quelques jours pour faire de petites navigations qui nous conduiront à Palerme le 4 août.

Mouillage prévu avec M. BALTAZAR sur l’Ile Flavignana qui fait partie des Iles EGADI.
Devant un apéro, la veille Guy et Jean Pierre nous trouvent un mouillage super au sud de l’île entièrement abrité des vents du secteur Nord qui soufflent depuis plusieurs jours, donc mouillage calme.

Nous arrivons avec 25 nœuds de vent, nous ne pouvons pas quitter le voilier car nous avons peur qu’il dérape ; le soir, le vent tombe comme prévu, et reste la houle de nord qui contourne l’île et rentre dans le mouillage. Vicieuse cette houle, contourner toute l’île rien que pour nous bercer, encore une fois, toute la nuit. L’île a l’air assez jolie mais nous ne mettrons pas le pied à terre et nous partons pour SAN VITO LO CAPO.

Journée de près, très longue, que je trouve longue peut-être c’est ma mauvaise humeur que je fais subir à Jean Pierre qui me fait trouver les choses ennuyeuses ce jour., mauvaise humeur due à une succession de nuits à rouler au mouillage

Enfin, nous pénétrons dans le port sans savoir si nous aurions de la place, (malgré les appels téléphoniques qui s’avèrent inutiles car on nous répond qu’il faut venir voir, impossible de réserver, surtout lorsqu’on donne la longueur de notre bateau, ne vous méprenez pas, il est trop petit pour être intéressant financièrement pour une marina). Un pêcheur au bout d’un ponton qui nous parait branlant nous fait de grands signes pour venir s’amarrer, mais ce n’est pas un pécheur, en fait il s’agit du marinero qui s’occupe en attendant les bateaux !!! D’ailleurs toute la nuit les marinero -pêcheurs ou les pêcheur-marineros s’occuperont à lancer et remonter la ligne, avec commentaires, et même monterons sur notre bateau, car l’ennui, c’est que la nuit on voit pas très clair et que les hameçons atterrissent chez nous. Où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir !!!!

Les tarifs des nuitées au port augmentent, et la qualité de la prestation diminue, j’ai dit qualité, c’est un abus de langage. A SAN VITO LO CAPO nous n’osons même pas rentrer dans ce qu’ils nomment « sanitaire », tellement l’extérieur est peu engageant, fenêtre cassée, portes trouées…..

Au moins, nous avons l’eau sur le ponton et encore il faut choisir son tuyau d’eau, car celui qui est devant nous est gluant avec une épaisseur de crasse qui est l’accumulation des viscères des poissons que nos pêcheur-marinéros attrapent la nuit, tout cela colmaté par les urines des chiens errants. Commençons par nettoyer le tuyau !!!!!


Nous repartons le lendemain pour CASTELAMARRE DEL GOLFO, petite ville au fond d’une baie, où à priori les voiliers ne font pas escale, le ponton est vide, seul M. BALTAZAR nous attend.

Petite navigation, les marineros nous attendent pour amarrer, pas de vent, tout devrait bien se passer, et bien non, il fallait un peu de piment pour cette journée, nous prenons la pendille sous le vent au lieu de prendre au vent, le voilier se tourne en travers et voila que la pendille se coince dans l’hélice et le moteur cale (nota : pour ceux qui ne connaissent pas la pendille, en Méditerranée il n’y a pas de pontons le long des bateaux au port, il faut s’avancer ou reculer devant un quai et prendre un cordage nommé pendille qui est fixé sur une chaîne ou un cordage plus gros attaché sur un bloc béton au fond de l’eau).
Jean Pierre plonge, dénoue tout, vérifie le moteur, tout va bien. Nous nous amarrons enfin et leçon de la journée, toujours prendre la pendille au vent et agir rapidement.

Pas de problèmes pour les sanitaires et les douches, il n’y en pas comme cela nous ne pouvons pas juger de la propreté !!!

Visite de la ville qui vu de loin s’avère assez jolie, mais qui en fait est quelconque avec des rues étroites, rectilignes sans attrait. Le lendemain, nous louons une voiture avec la famille Delaunay (M. BALTAZAR) et partons visiter SEGESTA qui nous a été chaudement recommandé par d’autres équipages. Nous ne sommes pas déçus, nous découvrons un théâtre grec particulièrement bien entretenu et restauré et surtout un temple de 400 ans avant J.C. très bien conservé. Tout cela sur le sommet d’une colline entourée d’une campagne aux vallées fertiles.

JEAN PIERRE ET LA MAINTENANCE

Je prends un peu le relais d’Eliane pour vous parler du sujet « voile »
Le canot’ et la maintenance
Au départ d’Arzal, nous n’avions pas eu le temps de solder la liste des travaux prévus ; Pourtant nous avions reculé le départ d’une semaine pour cause de travaux ; les voiliers qui sont partis à la date que nous avions initialement prévue pour notre départ , comme le voilier M Balthazar , ont pu traverser le Golfe de Gascogne dés la première semaine de mai alors que nous avons dû par la suite attendre le 18/05 ; entre temps la fenêtre météo s’était refermée ; résultat trois semaines de retard dés le mois de mai. Ce fut donc une bonne chose que de partir au plus vite car nous risquions de nous enferrer à Arzal , quitte à reporter quelques travaux à plus tard .
Ceux non traités avant le départ vont devoir tous être résolus en route. Aucun ne s’est révèlé superflu.
Mais ce que nous n’avions pas pris en compte, c’est que trouver des pièces détachées à l’étranger, même en Europe, ce n’est pas facile : d’abord on ne sait pas où chercher ; ensuite on fait les recherches à pied ce qui prend un temps inimaginable ; et enfin les technologies utilisées d’un pays à l’autre ne sont jamais exactement les mêmes en fonctions des normes et règlements en vigueur.
Exemple 1 : impossible de trouver un bouton poussoir de démarrage du moteur à Lisbonne et qui plus est, faire le tour de Lisbonne à pied à la recherche du dit bouton ….je vous laisse imaginer le temps passé ;au bout de 3 jours je connaissais mieux les ruelles et les shipchandlers de Lisbonne que les monuments ( que de temps passé et perdu …)
Exemple 2 : lors de l’escale à Carloforté en Sardaigne , au moment de faire le plein , nous constatons que le joint du bouchon de nable du fuel est cassé ; aussitôt je me mets en quête du joint qui va bien : le premier « ship » m’envoie chez le second qui m’envoie chez un quincaillier mais c’est midi , il ferme pour la sieste et n’ouvre qu’à 17h ; entre 14h et 17h je fais le tour des chantiers naval à pied jusqu’à l’opposé de la marina , de l’autre coté de la baie puis le quincaillier m’envoie chez un marchand de mobylette où je dégotte à 18h un joint qui parait à peu prés correspondre au besoin (sans certitude …) Le dit joint sera monté le soir à 19h ; bilan 6 à 7 h de marche pour un joint tout petit mais incontournable si nous voulons éviter d’avoir de l’eau dans le fuel ; rentabilité ??? ….
Exemple 3 : Nous voulions changer le flexible de gaz avant de partir ; Fleur de Lune étant de 2003 , et l’urgence du départ nous ont fait considérer que ce travail était superflu : un tuyau de gaz tient au moins dix ans . A l’occasion d’une journée maintenance, nous constatons que le tuyau est usé par le roulis mais de plus qu’il est périmé depuis la mise en service du voilier ???.....Le flexible est de 2003 !!! ….
Les Portugais puis les Espagnols, à chaque escale ne seront jamais en situation de nous fournir les flexibles et les raccords qui vont bien. Finalement c’est à Palma de Majorque que nous allons par hasard trouver le shipchandler capable de nous fournir le bon matériel et les outils pour faire le montage. Je ne vous ferai pas ici le calcul du temps d’escale passé à courir après ces foutus tuyaux, temps auquel il conviendra de rajouter une journée complète de démontage et remontage à bord.
Malgré tout, port après port tous les travaux, même bénins ont dû être réalisés
Heureusement que Fleur de Lune avait été bien préparé et était quasiment neuf sinon quelle galère ….
Toujours est-il qu’aujourd’hui il est pratiquement aussi beau qu’en partant d’Arzal , voir un peu plus : les travaux prévus sont soldés mais en plus , dés le départ nous avons repéré les points d’usure prématurés propres à chaque type de bateau et à chaque constructeur et les avons traités eux aussi avec rigueur
Chaque semaine le voilier fait l’objet d’une journée d’arrêt technique avec entretien, contrôle complet ; le moindre point d’usure est repéré, noté dans un cahier puis traité lors de l’arrêt technique ; nous refusons tout point non traité afin de ne pas tomber dans le laisser-aller et les dérives qui font qu’un voilier devient vite une épave ; nous nous efforçons de faire en sorte que ça tombe sur des journées où nous sommes bloqués pour cause de météo
Je monte au mât au moins tous les quinze jours et en réalité environs tous les dix jours , même si les voisins me prennent pour un « bargeau » ; heureusement ça amuse les enfants qui alertent leur mères qui quant à elles sont plus admiratives que leurs maris jaloux …..Bof, it’s a joke …..
L’accastillage est contrôlé toutes les deux semaines environs avec graissage au WD40 , les excédents de ce produit miraculeux servant au nettoyage et lustrage des pièces
Au mouillage, nous profitons de la baignade pour nettoyer la coque en plongée et caréner ; c’est ainsi qu’après trois mois de mer il n’y a pratiquement pas de coquillage et d’algues collés à la coque
En résumé nous mettons une rigueur militaire dans le suivi de l’entretien ; ça n’étonnera pas ceux qui savent que j’ai loupé une vocation de militaire …mais nous nous efforçons de ne rien laisser au hasard ; il faut dire que compte tenu de mon dernier métier aux Chantiers et de la passion que j’ai pour ce travail, j’imagine mal que la maintenance de Fleur de Lune puisse être laissée pour compte ; j’aurai honte de rentrer en Bretagne avec un voilier pourri ….
Aux Chantiers , je voulais que les fonds de la machine soient toujours parfaits en termes de propreté , complètement « parano » de la propreté …; alors je n’imagine pas que la gatte sous le moteur de Fleur de Lune ne soit pas parfaite : elle est passée au chiffon à la fin de chaque étape ; nous pourrions manger sous le moteur ; et quelle fierté lorsqu’un copain , professionnel de la plaisance et excellent navigateur hauturier pousse un cri d’admiration devant la propreté du moteur et de son compartiment …
Nous commençons donc à bien connaître notre étalon, notre fidèle Tornado , comme dit la skippette ; et il se comporte plutôt bien ; mais en plus nous ne lui tirons pas trop dessus ;